Quand la DGSE ouvre ses dossiers

Publié le par www.lemonde.fr

C'est une salle quelconque, dont nul ne doit connaître l'existence. Au coeur de la caserne Mortier, à Paris, siège des services secrets français (DGSE), une salle est réservée à des visiteurs très particuliers.

 

Des personnes triées sur le volet dans chaque entreprise française liée à des secteur sensibles ou stratégiques viennent y consulter les informations sur les concurrents ou sur des marchés en devenir sur la planète. Serge Tchuruk, à l'époque où il dirigeait Total, était ainsi l'interlocuteur attitré de la DGSE. Ses plus proches collaborateurs ne le savaient pas. Ces documents, le contenu secret des offres des concurrents ou des échanges entre adversaires, sont interceptés par les satellites ou les systèmes d'écoutes de l'Etat. Le service opérationnel de la DGSE a la réputation de "visiter" les chambres des grands hôtels parisiens où transitent des hommes d'affaires du monde entier.

Les Etats-Unis, l'Angleterre et la Suède ont, depuis longtemps, avant la Chine, le Japon ou la Russie, engagé leurs services spéciaux aux côtés de leurs entreprises nationales. Dans cette version secrète du patriotisme économique, la France est plutôt à la traîne.

"Les chefs d'entreprise français font preuve d'une certaine naïveté lors de leurs déplacements à l'étranger", souligne Pierre-Jacques Costedoat, ex-directeur des opérations de la DGSE reconverti dans la sécurité des entreprises. En clair, ils oublient souvent que les services étrangers ont les moyens de connaître leurs numéros de vol et de chambre d'hôtel. "La France est encore assez inhibée en matière de partenariat public-privé", ajoute Bruno Delamotte, dirigeant de BD Consultant et grand connaisseur du monde du renseignement. "Aux Etats-Unis, poursuit-il, pour chaque grand marché à conquérir, une véritable "war room" est mise en place qui associe les différents services de l'Etat pouvant aider le pays à remporter la victoire." Dans les années 1970, le patron des services français, Alexandre de Marenches, faisait lui-même le lien avec les chefs d'entreprise dans un cadre plutôt informel. Son successeur de juin 1981 à novembre 1982, Pierre Marion, développa une véritable structure qui connut, par la suite, un rendement assez variable. (...)

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Publié dans IE - infoguerre

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Mémoires de l'ombre - Un homme dans les secrets de l'Etathttp://www.parutions.com/pages/1-4-84-1053.htmlhttp://hermes001.skyrock.com
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